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Zanzim : Un Uber vers le succès

Zanzim s’est fait connaître du monde de la BD en dessinant sur des scénarios du regretté Hubert. Nous avons rencontré Zanzim peu de temps avant la parution de son Grand Petit Homme, alors que Glénat venait d’éditer une intégrale de Les Yeux Verts, permettant enfin de savoir comment se conclut cette trilogie dont le 3ème tome n’avait pas été mené à terme. L’occasion de revenir sur les liens qui unissaient Hubert et Zanzim, sur l’historique de leur fructueuse collaboration et sur son impact sur la carrière solo de ce dernier. Séquence émotion.

Les Yeux Verts était votre première BD, pour Hubert et vous. Comment est-ce que vous êtes connus ?

Zanzim : On était tous les deux aux Beaux-Arts mais on ne se connaissait pas. Et on s'est rencontré la première fois dans une soirée déguisée où Hubert était en nuage avec des petits flocons qui descendaient. Je trouvais le personnage assez incroyable : qu’est-ce que c’est que ce phénomène !? Et moi, j'étais en monstre des marais fait avec un costume avec des bulles. Vous savez le plastique à bulles où on appuie, là. Et donc on a trouvé en l'un et en l'autre une fantaisie qui était assez sympa.

Couverture de Les Yeux Verts (Grand format - 2023)

Couverture de Les Yeux Verts (Grand format - 2023)

On s'est retrouvé plus tard par l'intermédiaire de Yoann, le dessinateur de Spirou, qui a dit : Je connais un dessinateur qui s'appelle « Zombie glouton » (à l'époque) et il cherche des histoires. » Et il nous a mis en contact, Hubert et moi. Parce qu’Hubert était le coloriste de Yoann, qui lui avait dit : « Achète-toi un ordi, fais une formation et tu vas faire les couleurs. » C'était tout nouveau, les couleurs par Photoshop, et c'est comme ça qu'Hubert a commencé. Et il voulait aussi faire des histoires. On s'est rencontré, on n’avait rien en commun, mais vraiment ! Lui, il était gothique, habillé tout en noir. Moi, j'étais plutôt Hanna Barbera, ligne claire années 50 et lui était littérature fantastique, gothique.

Donc, quand il m'a raconté son histoire, j'ai trouvé ça assez étrange. Et c'est ce mélange avec la naïveté de mon trait à l'époque, parce que je travaillais plutôt dans l'illustration pour enfants, le mélange de nos deux univers a donné quelque chose d'assez bizarre pouvant se rapprocher un peu de l'univers de Tim Burton qui n'était pas du tout connu à l'époque. D'ailleurs, quand on a vu le film Sleepy Hollow pour la première fois, on s’est dit : « Waaah ! Il nous a tout piqué !!! ». Il y avait le coup de la grotte… Puis Hubert m’a dit « Mais non, ça fait partie des classiques de la littérature gothique, c'est pour ça qu'on y voit des similitudes. »

Moi, c'était ma première grande BD, donc j'avais carrément du mal à dessiner et j'ai voulu combler ce dessin un peu fragile par le fait de tout faire à la peinture. On avait en tête le travail de Yoann qui était en peinture directe, quand il faisait Toto l’ornithorynque. Il y a aussi un album d'Alberto Brecciaavec des vampires qui est de la peinture directe ; ça me plaisait bien, cette approche de la peinture. Par contre, c'était horriblement long. Chaque petite case est une peinture ! Au bout de deux albums, je n'en pouvais plus, je me suis « cramé », on va dire. L'investissement était vraiment trop fort.

Donc c'est vous qui avez décidé d'arrêter au bout de deux albums ?

Zanzim : Oui. En plus, ça se conjuguait avec le fait qu’on avait une ouverture avec Dargaud, dans la collection Poisson Pilote, pour faire la BD La Sirène des Pompiers. Quand j'ai su que je pouvais rejoindre Poisson Pilote, j'ai décidé de mettre un terme aux Yeux Verts. Et au niveau financier, ce n'était pas du tout ça : pour la vente des bouquins, l’éditeur avait du mal à les défendre au niveau de la mise en place : c'était un petit éditeur, il n’avait pas du tout de force de frappe comme Glénat. Et puis Hubert dans son scénario du troisième tome était aussi très bavard parce qu'on sentait qu'il avait envie d'aller vers quelque chose. Il a toujours été bavard mais l'écriture avait une place assez importante.

Et quand on fait la couleur directe et qu'on fait des planches qui ne se prêtent pas trop à ça… On aurait presque pu faire des grandes illustrations et son texte à côté. Ça aurait été tout aussi bien, en fait ! Il faisait des découpages où un mec ouvrait une porte ; donc je faisais toute une illustration pour un mec qui frappe à la porte et une autre illustration pour le mec qui ouvre la porte. Ça manquait d’intérêt !


Comment aviez-vous trouvé votre éditeur, Carabas ?

Zanzim : On avait une touche avec Dargaud au tout début, et finalement ça n’a pas été pris parce qu’ils nous avaient prétexté qu’ils avaient déjà La Révolte d’Hop-Frog de Blain. J’étais un peu vert. Guy Vidal, quelqu'un qui était assez exceptionnel chez Dargaud, nous avait laissé un message en disant tout le bien qu’il pensait de notre projet. Et puis ben non. Ce n’était pas passé en commission mais c'était lui qui nous avait repéré, au tout début. Finalement on a pu avoir une accroche avec Carabas. C'était un petit éditeur qui commençait aussi et c'est comme ça qu’on s’est lancé dans l'aventure.

Est-ce que les personnages étaient décrits « physiquement » précisément dans le scénario ou était-ce votre propre imagination qui les avait caractérisés ?

Zanzim : C'est moi qui les ai caractérisés. Après, Hubert, comme dans toutes les BD qu’il a faites avec ses auteurs, donnait énormément d'iconographie. C'était lui qui m'a fait redécouvrir le clair-obscur, la peinture fantastique, l'expressionnisme allemand… Des choses qui m'ont énormément nourri. Après, je suis le filtre. Je prends tout ça, je digère ça et j'amène quelque chose d'un peu plus synthétique ; c'est d'ailleurs ce que j'ai fait pour tous les albums après. Pour Peau d’Homme, c'est pareil avec la Renaissance. L'illustrateur, ça passe par un filtre et après ça ressort ; et c'est vrai que j'aime bien une clarté, une lisibilité. Mais là, il fallait dans cet album faire aussi quelque chose d'assez sombre parce qu’évidemment un truc fantastique, si ce n’est pas inquiétant…

Les deux sœurs à moitié animal, c'est super comme séquence, graphiquement c'est vraiment saisissant.

Zanzim : Hubert m’avait donné un portrait d’Ingres, une femme oiseau, qui est superbe, d'ailleurs. Donc il donnait des exemples de tableaux pour suggérer l'univers et moi, je m'inspirais de ça. C'est un mélange de peinture et moi, je suis nourri de ligne claire, des premiers Lucky Luke, par exemple, donc c'est pour ça que le personnage a un petit côté Lucky Luke au tout début, dans La mine d’or de Dick Digger. J'adore ça. Donc c'est un mélange comme ça.

Et on voulait donner un univers entre rêves et cauchemars. C'est un truc qui nous plaisait bien. Hubert a toujours aimé être sur un fil, pas trop inquiétant. Il faut que ça reste un peu entre les deux et on a passé notre temps, quand on travaillait ensemble, à essayer de se jauger, de récupérer la ligne. Quand il créait quelque chose d’hyper mièvre, j'avais tendance à faire quelque chose de plus trash et puis quand c'était vraiment trash de commencer à l'édulcorer un peu.

Vous vous équilibriez mutuellement dans une sorte de déséquilibre permanent !

Zanzim : Tout le temps !

En lisant cette BD, on commence à voir toutes les prémices de ce qu’Hubert a lancé après dans ses personnages. D'ailleurs ce serait marrant de faire une analyse de toutes les BD d'Hubert. Une psychanalyse parce qu'il y a des thèmes qui sont assez récurrents : le monstre que l'on a en soi, la fuite, souvent des hordes de villageois qui courent après, l’intolérance... Le rapport au corps. C'est la femme à moitié oiseau, c’est un corps d'homme avec une femme dedans, c’est une sirène… Je lui ai dit : « Tu ne peux pas me laisser dessiner des femmes normales ! »

Il y a déjà une galerie de personnages brossés. On peut y voir des prémices... Je trouve que le travail d’Hubert est très théâtral, aussi. On le voit plus dans Peau d'Homme mais là le fait de camper des personnages comme ça, qui ont tous un caractère assez fort.

Et c'est vrai qu'Hubert, avant d'écrire une histoire, écrivait des dialogues. Il avait beaucoup de carnets avec des bouts de dialogue. Et c'est après qu'il allait construire son histoire. Il avait des carnets de comptes, avec la partie qui se duplique en bleu quand on écrit. Il y écrivait ses idées. Une fois, il avait peut-être écrit comme ça : « Quelqu'un enfile une peau » ! Après, il va aller piocher dans ses carnets pour retrouver des idées, parfois les mélanger entre elles. Et ça, c'est des petites astuces. Ça me faisait penser à l'inspecteur Columbo qui sortait toujours son petit carnet ! Et comme Hubert était une éponge, il écoutait énormément les gens. Après, cela lui resservait pour mettre dans ses dialogues.

Dans l’intégrale, on découvre sous forme de croquis, de notes, le travail d’Hubert concernant le 3ème tome des Yeux Verts qui n’a jamais été mené à terme…

Zanzim : Il y a toute l'histoire, sauf que c'est un peu petit à lire. Je crois que l'éditeur ne voulait pas donner l'impression d'un troisième tome inachevé, c'est entre les deux. On donne toutes les pistes. Il fallait que ce soit dans l'idée d'un cahier graphique. Mais pour celui qui veut se plonger dedans, il y a vraiment toute l'histoire.

Ce qui est intéressant, ça reprend un peu le truc de Tintin et l'Alph-Art : il y a les 13 premières planches finalisées, puis il y a les dessins d'Hubert ; et c'est là où on voit qu’Hubert était un bon storyboarder. Bon, avec ses dessins à lui, ses « bonhomme patate », mais il y avait quand même une intention qui était assez bonne, dans ses cadrages d’ailleurs. Ensuite on voit ses textes tels qu’il les écrivait, par séquençages, et je trouve ça intéressant : on comprend comment un album est construit. On voulait davantage faire ça que mettre le troisième tome.

Vous ne vous êtes pas dit « Je vais dessiner la fin, maintenant » ?

Zanzim : Si, je me suis posé la question mais c'est très dur de revenir sur un style qu'on a fait il y a longtemps. D'ailleurs, les planches du troisième tome sont un peu différentes, la typo du texte n'est pas la même... Mais je me suis posé la question. Après, se replonger dans ça, c'est aussi se replonger dans un truc avec Hubert. J'essaye aussi de tourner une page même s’il est toujours avec moi. Là, c'est une nouvelle page encore de tournée. Donc je n'avais pas trop envie de me remettre dans un truc qui allait aussi m'affecter, tout simplement.

Et refaire de la couleur directe sur une autre histoire qui n'a rien à voir, cela vous dirait ?

Zanzim : Pourquoi pas. Mais je le ferais avec un système narratif qui irait avec ce genre de peinture, donc un truc très contemplatif. Voire, pourquoi pas, muet. Ça me brancherait bien. Mais j'ai aussi envie de raconter des histoires maintenant, avec quelque chose d’assez fluide, qui ne soit pas trop lourd parce que c'est vrai que la peinture demande beaucoup d'investissement.

Vous aviez fait 13 planches donc ça vous avait occupé environ 20 semaines ; donc vous deviez être au bout du rouleau pour travailler 20 semaines puis vous dire : « je ne finis pas le tome 3 » !

Zanzim : C'est 13 pages de 46, et c'était surtout l’attrait de Poisson Pilote, de se dire « Je vais être dans la même team que Blain, Lewis Trondheim et Larcenet. » Je sais que c'est dur pour les lecteurs de se dire « Ah, il aurait pu finir tout ça » mais il y a aussi toute la difficulté de vivre de ce métier-là. Carabas, ce n’était pas forcément bien payé

La Sirène des Pompiers est un album fait cette fois-ci chez un gros éditeur. Ça fait une carte de visite…

Zanzim : Ça n’a pas mal marché aussi. Du coup, ça a été une mise en avant. Après, c'est toujours pareil : on a l'impression d'avoir avancé sur la première marche d'un escalier, on est peut-être au premier étage, mais il y a encore beaucoup beaucoup beaucoup beaucoup de chemin. Et c'est parfois un peu déroutant parce qu'on se dit : est-ce qu'on va pouvoir arriver à trouver un équilibre financier et se faire plus plaisir dans sa création ? C'est ça aussi qui a beaucoup changé, le fait d'avoir du succès va me permettre d'être plus serein. Je n'ai pas le couteau sous la gorge, ça change tout.

Vous pouvez nous parler de Ma vie Posthume ?

Zanzim : Comme à chaque fois, Hubert adorait faire des portraits de femmes, et c'était très important pour lui. Alors est-ce que c'était la femme qui était en lui ? Je ne sais pas. En tout cas, celui-ci était inspiré de sa grand-mère. Et moi, le personnage principal, là, c'est clairement Bonne-Maman, la grand-mère de ma femme. Et même les gens, dans la famille, quand ils l'ont vu : « Tu as dessiné Bonne-Maman en zombie ! »

Extraits de Ma vie posthume (Intégrale - 2021)

Extraits de Ma vie posthume (Intégrale). © Glénat 2021.

Pour la base de cette histoire, c'est que tout le monde faisait des histoires de zombies et Hubert s'est dit : « Bah, tiens, qu'est-ce que je ferais moi aussi si je faisais des zombies ? » En sortant d'un EHPAD, il a vu des vieux comme ça ; c'est quasiment des zombies. Cela a été son point de départ. Et c'est un album qui peut paraître comme ça assez morbide mais c'est un petit peu dans l'esprit de Six feet under.

Quand vous avez fait L'Ile aux Femmes, c'était votre premier scénario…

Zanzim : Oui. J'avais fait beaucoup de collaborations avec Hubert et à 40 ans je me suis dit que ce serait peut-être bien de de me donner le challenge de faire ma propre histoire.

Le fait d’avoir travaillé avec Hubert vous a influencé dans votre mode de création ?

Zanzim : Complètement. J'ai pris un peu la même technique que lui pour présenter un dossier, par chapitrage. Je pensais pas mal aux dialogues et tout ça. Après, dans les différences, c'est vrai qu’Hubert était très bavard, mais c'est aussi parce qu'il était scénariste. Moi je me suis aperçu en dessinant mon scénario que mon dessin était narratif donc, parfois, je n’avais pas besoin des textes, qui étaient redondants. Et j'avais l'impression que comme je n’avais pas de textes, c'était vide. Ce qui était faux, bien sûr !

Ce qui est bien, aussi, c'est que L'Ile aux Femmes dessiné sur votre propre scénario a marché au niveau des ventes, un succès à la fois critique et public…

Zanzim : Moi, je faisais des cauchemars avant que ça sorte. J'imaginais des gros titres genre « Retourne avec Hubert ! » Ça m'a beaucoup plu. C'est aussi le fait qu'il y ait eu un bon retour qui me motive pour le prochain.

J'ai eu des propositions d'autres scénaristes mais j'ai vraiment du mal à penser à travailler avec quelqu'un d'autre, pour le moment en tout cas. J'ai envie d'abord de décider de faire des trucs avec moi-même.

Peau d’Homme a été un gros succès. Est-ce que ça a changé votre rapport avec les éditeurs ou avec le métier en général ?

Zanzim : Complètement, Ça m'a donné une mise en lumière incroyable. Mais ce qui a été hyper dur, c'est de porter l'album tout seul comme un père avec son enfant, qui se retrouve sans l'autre. Et il y avait beaucoup d'ascenseur émotionnel à chaque fois qu'on avait un prix : une énorme satisfaction puis une grosse tristesse. Donc ça a été assez difficile à porter. Mais la visibilité, oui c'est incroyable ! L'éditeur a décidé de remettre tout le catalogue Zanzim-Hubert et le mien en avant, c'est-à-dire Ma vie Posthume, L'Ile aux Femmes puis Les Yeux Verts.

Il y a quelque temps, j'ai interviewé Virginie Augustin, qui a travaillé avec pas mal de scénaristes différents. Elle m’a dit que si elle devait retenir une collaboration, c'était avec Hubert. Ils avaient une connexion forte aussi, tous les deux.

Zanzim : Oui, ils étaient amis. C'est vrai que je disais tout à l'heure qu'au début, Hubert et moi, on n’avait rien à voir ensemble et finalement on est devenu amis. Après, il venait à toutes mes soirées déguisées ! Et moi, j'ai grandi avec lui. Dans la BD, mais aussi, par exemple, je n'avais pas d'amis homosexuels ; j'ai rencontré Hubert, ses amis, j'ai vu qu'ils se prenaient la tête autant que dans un couple hétéro. Ça fait se rendre compte des choses, aussi. Dernière anecdote : Hubert était un fin gourmet. Il cuisinait très bien. Quand il s’y mettait… Il faisait des concours avec Bertrand Gatignol !

Parlez-nous de Grand Petit Homme.

Zanzim : Grand Petit Homme se passe dans les années 60-70 C'est l'histoire d'un homme, petit en taille, qui est fétichiste des jambes de femmes et des chaussures. Il travaille dans un magasin de chaussures pour se rapprocher de ce qu'il aime. Sauf que comme il perd tous ses moyens face aux femmes, il est relégué à l'arrière de la boutique. Comme c'est un spécialiste, je dis que c'est une pointure ! Mais comme il a subi énormément de déboires et qu'on se fout de lui, Il fait un vœu. On revient sur le principe du conte de devenir un grand homme. Sauf que le lendemain il va se retrouver de la taille d'un index tout petit et c'est avec cette nouvelle forme qu’il va rencontrer des femmes et accomplir de hauts faits qui vont faire qu'il va devenir un grand homme.

C'est votre propre scénario.

Zanzim : Je fais tout. Sur L’Ile aux Femmes, Hubert était là pour les couleurs mais là, je suis vraiment tout seul : scénario, dessin et couleur.

En l'occurrence, sur Les Yeux Verts, c'était vous le coloriste.

Zanzim : Et sur Peau d’Homme aussi, qui devait être fait à la base en couleur directe, un peu à la façon de Brecht Evens. Sauf qu'au bout de 10 planches, j'ai renversé un pot d’écoline et je me suis dit que jamais je pourrais faire 160 planches comme ça ! Et j'ai décidé de faire un encrage puis de faire les couleurs à l'ordinateur. C'est comme ça que je suis venu à faire la couleur sur cet album, c'est un accident, c’est assez marrant.

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